Cortège en direction du cimetière du Boulou. Marc
Thubé est né le 3 juin 1919 à
Nantes. Jeune il monte à la capitale pour ses
études En 1938, il est appelé au service
militaire, affecté dans un régiment
d'infanterie. La guerre éclate, il se fait remarquer
et prends le grade de sergent. Le 19 juin 1940, l'enseigne
de vaisseau Philippe Kieffer rejoint Londres et se
met au service du général de Gaulle. Sur
le modèle des commandos britanniques, il rassemble
quelques volontaires, forme en 1942 la Troop1 des
commandos français, futur embryon du bataillon
Kieffer. 1942, Marc Thubé regagne la
Bretagne où son cousin Gwenn Aël
Bolloré fait remettre en état un petit
bateau, un cotre acheté en vendant
son cheval. Le "S'ils te mordent" prend la mer dans
la nuit du 6 mars 1943 avec sept compagnons, trente six
heures à la barre dans une mer
déchaînée, un moteur hors d'usage et une
voile en mauvaise état. Enfin arrivés en
Angleterre, Marc s'engage le 17 mars dans la France
Libre. Séparé de son cousin, il est
envoyé dans un camp de l'armée de terre et y
rencontre le lieutenant Amaury qui regroupe des
volontaires pour le commando, il en sera. Direction le camp
d'entraînement de Wrexhan (Pays de Galles), Gwenn
Aël pour sa part issu de la marine est
envoyé au camp d'entraînement d'Achnacarry
(Écosse), huit semaines d'efforts, de souffrances,
rien ne leur sera épargné, ils doivent
être prêts. Ils sont
affectés aux Forces Navales Françaises
Libres (FNFL) au commando numéro 10 avec
respectivement les badges numéro 138 et 147 puis au
1er Bataillon de Fusilier Marin Commando (1er BFMC).
Celui ci sera rattaché au commando numéro 4
conduit par Dawson, unité elle même
rattachée à la 1st Spécial Service
Brigade de Lord Lovat (Simon Fraser)
composée de britanniques et de français. Le
1er BFM est composé de 2 troupes (Troop1 et
Troop8), d'une section d'appui feu ou K Gun
Troop,
d'une section de commandement, d'une unité
médicale et une de transport. Ils sont 177, ils
forment le COMMANDO KIEFFER. Gwenn Aël
Bolloré fait partie de l'unité
médicale, Marc Thubé est affecté
à la Troop8 aux ordres du Lieutenant Alex
LOFI. Parmi les frères d'armes aux
côtés de Marc des noms qui nous sont
familiers, Jean Morel* qui vient de nous quitter ou
encore Léon Gautier. Dans la Troop1 un
certain Hubert Faure, ce sont les derniers de ces
héros au béret vert des commandos marine. Le 5
juin 1944, les commandos embarquent sur les L.C.I.S
(Landing Craft Infantery Small) des barges de
débarquement, direction la France, objectif pour
Marc Thubé : Ouiestreham. La
Troop8 prend place à bord de la LCIS 523, la
Troop1 sur la 527. A bord de l'une d'elle
Kieffer prononce avant de s'endormir une
prière "Seigneur, je serais très pris ce
jour, je peux vous oublier mais vous, ne nous oubliez
pas". 7h40
le 6 juin 1944, les passerelles des barges basculent dans un
fracas, les cris, les hommes sortent telle une foule
arrangée, le béret vert vissé sur la
tête. Les hommes de Kieffer avancent de l'eau
jusqu'aux chevilles, les balles sifflent. A quelques
encablures du rivage ils avaient entrevu Colleville
Montgomery, à cet instant sous le feu nourri de
l'ennemi, ils ne distinguent que du sable, la plage SWORD,
le secteur Queen Red oui mais il leur faut progresser sur
trois cents mètres en terrain découvert,
atteindre la dune et après
Après, ils y
sont parvenus
ce fut les rouleaux de barbelés, "Il faut couper
les fils"
hurle Lofi. Marc Thubé sort sa cisaille
de son ceinturon, commence son travail Clic-Clac
précis net, rapide, le bruit des lames qui
s'entrechoquent, les rouleaux cèdent un à un.
Thubé a hérité à jamais
du sobriquet de clic-clac. Reste que le cheminement au
travers des lignes ennemies et la progression est lente,
bientôt c'est l'ensemble du commando numéro 4
qui aura franchi le mur de l'Atlantique. La ville de
Ouistreham sera conquise dans la matinée au prix de
dix morts dans la petite unité française forte
de 177 hommes. La campagne de Normandie commence lorsque le
31 juillet Marc Thubé est blessé,
évacué. Une fois rétabli il participe
au débarquement en Hollande, puis direction
l'Allemagne. Démobilisé en 1945, il recevra de
multiples distinctions militaires eu égard
à
ses états de service et à son engagement au
service de la France. Rendu à la vie civile il se
rend en Afrique où il fait commerce, il y rencontre
Josette qui durant la guerre fut second-maître
dans une unité de l'aéronavale. De retour en
métropole, il s'installe pour sa retraite dans le
village d'origine de Josette, le Boulou. Il y fait
bon vivre, homme actif plein
d'entrain, ambianceur, il apporte joie, lui le breton
devient catalan d'adoption. La maladie vient le frapper en
1996, et c'est le 3 février 1997 qu'il
s'éteint à Montpellier. Le
7 février 1997, ils étaient si nombreux dans
ce même cimetière à assister à
ses obsèques. Ici même vingt deux ans plus tard
nous sommes rassemblés encore plus nombreux afin de
lui rendre cet hommage, celui qui échoit aux plus
grands de ce Monde. Humble sur son passé, il faisait
partie "des 177 de Kieffer", le béret vert signe de
reconnaissance des commandos marine, badge 138 s'en est
allé, mais qu'il serait fier de sa famille, de ses
frères d'armes, de jeunes qui reprennent le flambeau.
Tu aurais 100 ans camarade, mon frère et par dessus
mon épaule tu m'aurais chuchoté à
l'oreille, le sourire malicieux fiston "Le
débarquement j'y étais". *
In Memoriam de Jean Morel
SM CHOMETTE Philippe, représentant
accrédité ACOMAR
Pyrénées-orientales |
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